1,8 millions d’espèces inventoriées aujourd’hui (pour 10 à 100 millions dont on suppose l’existence),
sur 47677 espèces étudiées par l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 17291 sont menacées, soit 36%.
Compte tenu du rythme actuel de disparition des espèces, la moitié des espèces vivantes que nous connaissons pourrait disparaître d’ici un siècle. Cette extinction est d’une vitesse et d’une globalité sans rapport avec les précédentes extinctions de masse et elle menace directement la survie de l’espèce humaine.
Aujourd’hui, 36% des espèces étudiées par l’UICN (soit 17 291 sur 47677) sont menacées dans le monde, dont :
- 1 mammifère sur 5, parmi lesquels les orangs-outangs et les ours polaires par exemple,
- 1 oiseau sur 8,
- 1/3 de tous les amphibiens,
- 70% de toutes les plantes.
Les écosystèmes sont également menacés : 60% des écosystèmes de la planète ont été dégradés au cours des 50 dernières années, et les deux tiers des écosystèmes sont aujourd’hui exploités au-delà de leurs capacités.
Ainsi l’hexagone occupe la première place en Europe pour la diversité des amphibiens (38 espèces), des oiseaux (357 espèces) et des mammifères (120 espèces).
L’Outre-Mer présente des niveaux de biodiversité exceptionnels tant par le nombre total d’espèces qu’on y trouve que par le nombre d’espèces en danger qu’elle abrite alors qu’elles ne sont pas représentées aujourd’hui dans les autres régions du monde (espèces endémiques) :
- la Guyane est située dans l’un des derniers grands massifs forestiers de la planète, l’Amazonie,
- la France est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans 3 océans. Elle abrite 10% des récifs coralliens mondiaux (4ème rang), répartis au sein de 8 collectivités d’Outre-Mer dont l’économie locale dépend très largement de cet écosystème.
Les menaces sont très présentes, puisque notamment :
Sur l’ensemble du territoire national, environ 165 ha de milieu naturel sont détruits chaque jour à des fins diverses. Chaque année par exemple, plus de 60 000 hectares de terrains agricoles et de milieux naturels sont transformés en routes, habitations, zones d’activités (cela représente l’équivalent d’un département comme les Deux-Sèvres tous les 10 ans).
Le nombre d’espèces invasives a augmenté de 50% en quatre ans (cette menace est particulièrement forte en Outre-Mer car la petite surface des îles et leur isolement géographique rend les espèces indigènes plus vulnérables aux espèces exotiques).
- la destruction, la réduction et la fragmentation des habitats naturels : l’urbanisation croissante et l’expansion des terres agricoles conduisent à l’assèchement des marais, à la disparition de prairies, à la destructions de forêts…, réduisant ainsi l’espace que les espèces peuvent occuper et dans lequel elles peuvent se déplacer, et détruisant les habitats de certaines espèces,
- la surexploitation de certaines espèces (via la surpêche, la déforestation, le braconnage…), renforcée notamment par le commerce illégal (5 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel pour le trafic d’animaux sauvages),
- les pollutions de l’eau, des sols et de l’air (dont les pollutions agricoles : usage excessif d’insecticides et d’herbicides en particulier),
- l’introduction d’espèces exotiques invasives (tortue de Floride ou frelon asiatique pour la France par exemple) : elles modifient l’écosystème dans lequel elles sont introduites et font courir deux risques aux espèces déjà présentes :
- elles rentrent en compétition pour l’utilisation des ressources naturelles (celles-ci seront consommées par les espèces envahissantes, au détriment des espèces déjà présentes),
- elles se nourrissent des espèces déjà présentes,
le changement climatique : il s’ajoute aux autres causes (effets directs sur la biodiversité), et dans certains cas les aggrave (effets indirects sur la biodiversité). Il contribue à la modification des conditions de vie des espèces, les forçant à migrer ou à s’adapter (par exemple, les migrateurs ont tendance à partir plus tôt dans l’année ou à ne plus voyager), ce que toutes ne sont pas capables de faire. Les changements climatiques pourraient entraîner la perte de 15 à 37% des espèces vivantes d’ici 2050.
C’est aujourd’hui la combinaison de ces cinq facteurs qui menace la biodiversité : par exemple, les récifs coralliens sont en train de disparaître à cause de la surexploitation, du réchauffement climatique et des pollutions marines.
Chaque espèce est unique et irremplaçable, et sa disparition, irréversible, peut avoir des conséquences importantes et imprévisibles sur d’autres espèces, par un mécanisme d’effet « cascade ».
Toutes les interactions sont encore très loin d’être connues, d’autant que seules 1,8 millions d’espèces sur environ 10 à 100 millions sont aujourd’hui identifiées. Il est donc impossible d’anticiper toutes les conséquences de la disparition d’une espèce. Jusqu’à une date récente, les « marais à obione » du Mont-saint Michel n’étaient par exemple pas considérés comme des milieux intéressants. On a découvert récemment qu’ils offrent en fait une ressource fondamentale pour les moules et les poissons de la baie.
Car la biodiversité permet au vivant de s’adapter aux changements
C’est la diversité des espèces et leur diversité génétique qui permet de s’adapter aux changements (climatique, économique…), et assure la survie du vivant.
En effet, plus le nombre d’espèces et leur diversité génétique sont élevés, plus les chances sont grandes que certaines soient capables de s’adapter à de nouvelles conditions de vie. Dans les années 70, un virus dévastait les rizières de l’Inde et de l’Indonésie. L’institut international du riz a dû tester plus de 6000 types de riz avant de trouver une variété porteuse de gènes de résistance à cette maladie.